Telle une gouttelette leibnizienne qui compose le son de la vague mais qui ne s’entend pas seule, j’apporte ma gouttelette interprétative au tohu-bohu de la toile. Et les gars, vous vous attendiez à quoi, franchement, dans l’annonce du finalement pseudo-déconfinement du Premier ministre ? A partir faire la fête à Ibiza cet été ? Franchement ?
L’urgence ? Sauver des vies. Ibiza ? C’est pour plus tard. Edouard Philippe, n’en déplaise aux opposants, a fait le job. Le message est clair : face aux incertitudes sur l’épidémie, je n’ai que peu de certitudes à vous livrer. Plus de 60 000 morts, à la louche, ont été sauvés grâce au confinement. Quelle autre urgence que sauver des vies le Premier ministre pouvait-il rappeler ? Et si le déconfinement réactive la menace, nous retrouverons nos chez-soi.
Comment protéger les femmes et les enfants des maltraitances redoublées en confinement ? Pour certains, le chez-soi est une prison. Pis encore, un piège de violences et de haines. Peut-être faudrait-il, dans ces temps de solidarité et de renouvellement du rapport à l’autre, imaginer une stratégie pour éviter que des salauds frappent sur des gosses et des femmes. Mais en désignant le « salaud », je m’en mords les doigts. Peut-être faudrait-il imaginer en fait une stratégie pour que les salauds prennent conscience qu’ils ne doivent plus frapper sur leurs gosses et leur femme. C’est ce qui manquerait peut-être dans les discours que j’entends. Un coup de menton autoritaire et comminatoire de l’Etat face à ceux qui font vivre l’enfer aux autres. Mais comment ? Toute la question est là… Comment faire pour que la stratégie de déconfinement ait du sens politique. Pas simple. Le virus ne fait pas que semer le trouble. Il barre l’accès aux solutions.
Zigzag sur les trottoirs. Certes, la stratégie du déconfinement dans les écoles et dans les transports paraît très peu conciliable avec la vraie vie. Mais j’en reviens à ma petite marotte. Le déconfinement, c’est nous. Vous, moi, eux. Tous. Vivre avec un virus est original. On zigzague d’un trottoir à l’autre. On se lave les mains compulsivement. On n’a pas envie de prendre le métro. On redécouvre le localo-local. Ses murs. Ses névroses. L’autre confiné. Ses peurs. Ses espérances. Le fameux nouveau nouveau monde comme l’appelait joliment le palmipède du mercredi n’est pas à venir. Il est là.
La pantomime des opposants. Ce que veut Edouard Philippe, c’est éviter au maximum d’envoyer la masse humaine au casse-pipe. Qu’il lui soit dit ce soir à ma modeste place de citoyen lambda privilégié que je préfère avoir un Premier ministre de cette trempe à la barre que tous les guignols qui se reconnaîtront et dont certains ont étalé leur muflerie une fois le discours solennel et à dimension d’Etat achevé. Ça a au moins l’avantage de créer de l’ambiance. Et de faire sourire entre deux séries de Netflix et les quelques articles qu’il me reste encore à rédiger.
Les écolos me les gonflent. Dernier point, à développer un autre jour : que les grands penseurs de l’écologie arrêtent de nous culpabiliser avec la responsabilité collective de ce qui nous arrive. Qu’ils s’attellent avec les collectivités à rendre opérationnelles leurs belles idées sur les circuits-courts que le citoyen lambda dont je suis ne voit jamais ou alors après quelques efforts pour tomber sur le bon site, efforts que d’autres ne peuvent faire. Qu’ils militent pour faire de l’écologie une urgence éducationnelle. Qu’ils présentent des candidats robustes aux élections et non des produits du recyclage idéologique.
Le nouveau monde est une feuille blanche. On oublie tout. On n’est plus fâchés. On avance.