Quel bonheur quand même ces Entretiens Territoriaux de Strasbourg, qui se sont tenus les 1er et 2 décembre !
Pour le journaliste que je suis, depuis trois ans, Franck Périnet et Jérémy Durand, directeur et responsable de la communication de l’Inet, me font confiance pour animer la web radio, ce média chaud qui n’a pas besoin de flonflons techniques pour aller au creux des initiatives, lever le capot des coulisses et se pencher à l’intérieur pour y découvrir les doutes et les envies des cadres territoriaux (managers pour les plus branchés). Ce que j’aime dans ces ETS, c’est cette manière de dénouer la cravate et de se poser tel que l’on est, vulnérable, audacieux, désireux de bien faire, se heurtant à des hiérarchies bienveillantes, castratrices ou incompétentes, ou les trois à la fois, ou à des élus en avance sur leur temps ou très en retard. Car, pour ceux qui un jour ont eu le bonheur d’être fonctionnaire, il y a toujours eu ce moment extatique et bizarre : être au service du public, être payé pour ça, pour qu’un rond-point empêche de trop exposer les piétons, pour qu’une médiathèque permette aux plus jeunes de découvrir les délices de la culture, pour qu’une maison de santé puisse sauver des vies, bien en amont, etc.
C’est ça, le service public et ceux qui le portent doivent en être fiers !
Des milliers de petites goutelettes (Leibniz) qui font le charme musical des vagues.
Je ne vais pas sombrer dans un optimisme béat et suspect. La France est championne du monde du repérage des dysfonctionnements et des minorités radicales et bien organisées se chargent d’alimenter cette machine concasseuse pour casser le moral de ceux qui se noient dans le flux d’actualité. Mais il faudra bien un jour parler de cette majorité silencieuse (son silence assourdissant est d’ailleurs problématique), qui agit et dont on ne parle pas. Tous les Zemmour contemporains n’auront jamais la peau de cette majorité silencieuse qui, dans le compromis dont l’équilibre démocratique est l’exhausteur, fait en sorte que nos territoires donnent du sens aux actions qu’ils mènent.
En quittant les ETS, j’ai fait comme tout le monde : j’ai regardé un petit peu où en était le fil actu ! Quel contraste ! Amas indistinguible de détraquements, d’envies de fuir, de virus incertains, concours permanent de catastrophes… Quel bonheur de quitter le monde de l’actu, trop souvent éloigné de la vie réelle. Mais une question se pose : ce qui marche ne serait-il pas banckable ? Les trains qui arrivent à l’heure seraient-ils frappés d’une banalité telle qu’il serait inutile d’en parler ? Les choses qui marchent, les projets qui emballent, n’auraient-ils pas un profil sensationnaliste, sexy, pour figurer en bonne place à la h(une) des journaux ?
Je publie cette photo un brin hilare (je m’en excuse) de mon ami Hugues Perinel (merci à lui). Elle parle d’elle-même…