C’est une amie avec laquelle je travaille, spécialiste du marketing digital, qui me le conseille. Elle m’a dit : « Sur ton site, tu devrais écrire ‘Qu’est-ce qu’un bon débat ?’ ».
Je lui ai demandé : « Pourquoi ? »
Elle m’a répondu : « C’est pour les requêtes de Google. Qu’est-ce qu’un bon débat, ça remonte souvent, tu vas améliorer ta visibilité ».
Ça fait longtemps que le sujet m’agace mais bon, faut vivre avec son époque, où le vide cliqueur se déchaîne. Je n’ai jamais compris d’ailleurs que les gens soient à ce point idiots au point de croire que les entreprises, les articles, les faits numérisés qui apparaissent en première page de google dans leurs recherches ne sont pas en fait les meilleurs mais les plus boostés par des processus algorithmiques qui dépassent l’entendement.
Les spécialistes de la chose m’expliquent qu’il faut écrire pour être lu. Why not mais si le mécanisme de monstration sur internet procède d’une algèbre qui ne rend pas hommage à la qualité de la production, autant aller directement à la quatorzième page, non, si l’on sait par avance que les dés sont pipés !
Je dis ça mais en même temps, quand on tape sur google « animateur de débats », sur qui on tombe ? Sur bibi !
J’essaie donc de glisser le sésame décapsuleur de potentiels marchés. Qu’est-ce qu’un bon débat ? C’est vrai que c’est un joli métier. J’aime bien animer des débats. C’est vivant, ça se contredit en direct, c’est plus chaud que l’écrit.
A quoi mesure-t-on la réussite d’un débat ? Je l’ignore…
Il y autant d’attentes clients que de débats. Il y a les organisateurs de débats coincés, où le débat est une obligation, où il est nécessaire que le statut quo soit maintenu.
Il y a les déchaînés du PowerPoint, incapables de dire un mot sans s’appuyer sur un schéma.
Il y a ceux qui endorment l’auditoire, comme ils endorment leurs collaborateurs, incapables de se renouveler, et dont la seul gloire est de s’écouter.
Il y a des saltimbanques, les originaux, du pain béni pour l’animateur, ceux vers lesquels il se retourne si le débat pioche quelque peu.
Le mieux, c’est d’animer un débat comme on anime une émission de radio, dans une démarche heuristique, le questionneur étant celui qui veut comprendre, le journaliste se mettant à la place d’un public plus éloigné de la compréhension du sujet. C’est de la maïeutique des premiers cours de philo de terminale. Le journaliste est un premier sas, celui qui essaie de comprendre pour relayer ce qu’il a saisi à son auditoire.
Qu’est-ce qu’un bon débat ? C’est un débat dont les participants se souviennent des semaines plus tard, dans un monde surchargé d’évènements où les souvenirs n’accrochent plus.
A quoi sert d’organiser un bon débat ? Je n’en sais rien. Vous n’en faites pas, on vous le reprochera. Vous en faites, on vous dira que ça ne sert à rien.
Voilà, j’ai fait quelques gammes sur le thème : « Qu’est-ce qu’un bon débat ? ». On verra si j’ai réussi à séduire l’algorithme. On s’en reparlera un autre jour.
(Photo Pixabay)